Enjeux idéologiques/religieux

Catholicisme et PMA

L’Église catholique s'oppose à la PMA pour deux raisons éthiques fondamentales : 

- l'embryon dès la seconde de sa conception est considéré comme une personne et doit être respectée, c'est la dignité de l’embryon ;

- la procréation doit avoir lieu dans le mariage et dans l’acte conjugal compris comme donation mutuelle des conjoints. L'acte sexuel est nécessaire à la procréation, c'est la dignité de la procréation. Dans sa lettre encyclique Humanae Vitae 12 sur le mariage et la régulation des naissances, sa Sainteté Le Pape Paul VI écrit : « le lien indissoluble, que Dieu a voulu et que l’homme ne peut rompre de son initiative, entre les deux significations de l’acte conjugal : union et procréation ».


Le Père Bruno Saintôt, responsable du département éthique biomédicale du Centre Sèvres, à Paris explique : "Concrètement, l’Église catholique interdit l’insémination artificielle même intraconjugale et toutes les formes de fécondations in vitro (FIV) sans tiers donneur, d’une part à cause des atteintes à l’embryon et de la destruction des embryons non implantés et, d’autre part, à cause de la dissociation entre l’acte conjugal et la fécondation, celle-ci devant être le « fruit de la donation sexuelle des époux ».



Monseigneur Jean-Louis Bruguès, théologien dominicain, écrivait en 2003 : "En substituant un acte technique à l’étreinte des corps, on pervertit la relation à l’enfant : celui-ci n’est plus un don mais un dû ». L'Eglise catholique estime que l'enfant conçu lors de l'acte sexuel d'Amour est un don de Dieu et donc que si il est conçu par PMA, ce serait plutôt la réponse à un caprice des parents. La Genèse rappelle que Dieu a fait l’homme et la femme complémentaires et leur a commandé : “Soyez féconds et multipliez-vous”». Ils sont appelés à participer, dans leur relation d’amour, à la Création. Le Donum vitae de 1987, document pontifical sur la procréation artificielle, est très clair : « La génération d’un enfant devra être le fruit de la donation réciproque qui se réalise dans l’acte conjugal où les époux coopèrent à l’œuvre de l’Amour créateur ».



Un autre problème soulevé par l'Eglise est celui de la parenté : en cas d’insémination artificielle avec donneur (IAD) ou de Fécondation In Vitro avec tiers donneur, les parents ne sont plus ceux qui ont engendré l’enfant. La parenté peut alors se diviser en différentes « parentalités » biologique, gestationnelle, affective, éducative, civile, etc. L'Insémination Artificielle avec Donneur prive alors l'enfant de sa relation filiale à ses origines parentales, et peut entraver la maturation de son identité personnelle.

Ces fortes restrictions à l’assistance médicale à la procréation, qui concernent déjà les couples hétérosexuels mariés, rendent d’autant plus incompatibles avec la doctrine de l’Église l’Assistance Médicale à la Procréation pour les couples de femmes.

Bien entendu, au vu des arguments que nous venons de lister l'Eglise catholique est contre la gestation pour autrui.

Le donum vitae explique que la gestation pour autrui est « contraire à l’unité du mariage et à la dignité de la procréation de la personne humaine » car elle « représente un manquement objectif aux obligations de l’amour maternel, de la fidélité conjugale et de la maternité responsable ; elle offense la dignité de l’enfant et son droit à être conçu, porté, mis au monde et éduqué par ses propres parents ; elle instaure, au détriment des familles, une division entre les éléments physiques, psychiques et moraux qui les constituent ».

Le groupe de travail pour la bioéthique de la Commission des épiscopats de la Communauté européenne (Comece) a publié le 23 février 2015 un « avis sur la gestation pour autrui », comparée par les évêques à « une forme de traite d’êtres humains ». Toutes les formes de gestation pour autrui constituent une atteinte grave à la dignité humaine de ceux qui sont impliqués dans cet échange, estime cet avis, mettant en cause « l’emprise sur le corps de la mère porteuse », voire son« aliénation », dans la mesure où il est très difficile de reconnaître « un consentement valide dans des situations de vulnérabilité ou d’extrême pauvreté ».


Les évêques de France

La Conférence des évêques de France (CEF), conférence épiscopale de l'Église catholique en France qui rassemble l'ensemble des évêques et cardinaux, a publiée jeudi 20 septembre 2018 un texte engagé pour « la dignité de la procréation », signé par l'ensemble des évêques du pays, dans lequel les évêques de France prennent non seulement position contre l'extension législative de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules, mais rappellent aussi qu'ils voient des "problèmes éthiques" dans la pratique actuelle.


Les évêques voient trois problèmes éthiques liés aux pratiques actuelles de la PMA :

1. Les embryons surnuméraires sont, au choix des parents, soit conservés pour un futur projet parental, soit détruits, soit donné à la science pour la recherche, ou encore donnés pour être accueillis par un autre couple. Pouvant tous conduire à une naissance, ces embryons sont pourtant dignes du même respect.

2. Par le recours à un tiers-donneur de gamètes, l’enfant n’est plus le résultat des gamètes du couple. Cela porte alors atteinte à la filiation puisque l’enfant est référé à un tiers anonyme et prive ainsi l’enfant de l’accès à ses origines.

3. Le développement des techniques de diagnostic permet de sélectionner les embryons. Dès lors qu'on élimine un embryon malade, qu'on choisi un embryon sain, ou qu'on choisi le sexe ou d'autres caractéristiques de l'enfant à naître, c'est de l’eugénisme, ce qui est contre les principes de la Nature donc de Dieu


Les évêques voient "cinq obstacles éthiques majeurs" à la légalisation de la PMA pour toutes :

1. La crainte de "l'éviction des responsabilités du père". La PMA pour toutes empêche de fait "la référence biologique et sociale à un père".

2. "La suppression juridique de la généalogie paternelle porterait atteinte au bien de l'enfant qui serait privé de sa référence à une double filiation" : dans son arbre généalogique, l'enfant n'aura plus que sa branche maternelle

3. "Pourrions-nous accepter collectivement que l'homme soit considéré comme un simple fournisseur de matériaux génétiques et que la procréation humaine s'apparente ainsi à une fabrication ?", s'interrogent les évêques. S'agissant des femmes seules, la CEF craint une autorisation de PMA "post mortem", se demandant si c'est "l'intérêt de l'enfant d'être engendré (...) dans un tel contexte de deuil".

4. Autre obstacle pour eux : "le risque de marchandisation". Si le don de sperme devait être rémunéré, les évêques s'inquiètent d'une éventuelle transformation du "rôle de la médecine". "Comment établir les priorités de soin et de son financement si le critère n'est plus celui de la pathologie médicale ?".

5. Finalement, l'épiscopat craint que sur le principe d'égalité, la PMA pour toutes conduise "à la légalisation de la gestation pour autrui" (GPA). "En effet, la référence à l'égalité, indissociable de la dignité, s'applique tout autant aux femmes qu'aux hommes".



Protestantisme et PMA

Comme pour les autres débats éthiques, le protestantisme ne propose pas de position unanime sur la PMA. Cette religion laisse le croyant choisir lui-même la solution qui lui paraît la plus acceptable éthiquement et considère que ce choix relève de la responsabilité personnelle. 


Islam et PMA

Il n’existe pas en France une autorité religieuse qui s’exprime au nom de tous les musulmans sur les questions de bioéthique. Cela constitue un problème qui se fait de plus en plus sentir en France où les musulmans se tiennent relativement éloignés des débats de société comme s’ils n’étaient pas directement concernés par les décisions qui seront prises.  

Pour trouver des réponses à ces demandes sociétales, les musulmans s’appuient généralement sur les décisions du Conseil de l’académie islamique du fiqh, une instance consultative sur le droit musulman basée en Arabie Saoudite, ou encore le Conseil européen de la recherche et la fatwa (CEFR) basé en Irlande.  

Pour l'Islam, la valeur fondamentale sur le sujet de la PMA est le respect absolu de la filiation, la nasl, c’est-à-dire le rattachement de l’enfant à son père et sa mère.

L’assistance médicale à la procréation (AMP) doit respecter ce principe de filiation paternelle et maternelle dans ce qui doit rester un projet parental.  
Aussi, deux filiations maternelles ou paternelles ne peuvent se cumuler et sont donc inenvisageables en islam. Toute assistance médicale à la procréation qui respecte ces principes est non seulement autorisée mais encouragée.  

Elle est donc autorisée en islam mais uniquement chez les couples hétérosexuels mariés. Par ailleurs, le spermatozoïde et l’ovocyte doivent appartenir exclusivement aux deux conjoints.  
En cas de divorce ou si le mari est décédé, l’utilisation du spermatozoïde conservé du mari n’est plus possible. L’adoption est fortement recommandée en cas de stérilité irréversible.  

De plus, le recours aux dons de spermes et d’ovocytes qui fait intervenir une tierce personne est radicalement interdit en islam, que les donneurs soient connus ou anonymes.  
En effet, le fait que l’enfant ne soit pas issu du sperme du mari ou de l’ovocyte de l’épouse crée  « un mélange des filiations » tout à fait paradoxal en islam. Les dons d’embryons sont également interdits.  

La pratique de la mère porteuse est également interdite en islam, qui rejette toute maternité de substitution et tout contrat portant sur ce type de grossesse.


Judaïsme et PMA

L’assistance médicale à la procréation est, de manière générale, acceptée par le judaïsme, car elle permet aux couples infertiles d’accomplir l’impératif biblique : « Croissez et multipliez ».

La fécondation in vitro, la congélation et la destruction d’embryons avant le 40e jour après leur conception, sont admises. 

Concernant l’insémination artificielle avec donneur, il existe un débat parmi les autorités juives car cela est perçu comme entraînant un problème de filiation. Le Talmud, un des textes fondamentaux du judaïsme, développe le principe du besoin de connaître d’une manière certaine l’identité du père d’un enfant, dans le but d’éviter des mariages consanguins. L’insémination de sperme d’un donneur anonyme est donc impensable. 

L’insémination "de convenance" est totalement interdite par le judaïsme, interdit qu’enfreindraient la mère de l’enfant et le père donneur de sperme, considéré comme abandonnant ses descendants. Mais cet avis n’est pas unanimement partagé au sein de la communauté juive. D’ailleurs, Israël est un pays très en pointe sur toutes les techniques de procréation artificielle, que ce soit pour des couples hétérosexuels ou des couples homosexuels. 

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